Nos produits sont fabriqués au Québec! Et en cette semaine de la Fête nationale, je veux aborder ce sujet, parce qu’il est super important.
D’abord, dites-moi, est-ce que c’est une démarche importante pour vous? À quel point?
Pour une entreprise, décider de fabriquer localement est bien souvent un CHOIX.
L’entreprise peut choisir de faire produire ici ou ailleurs. Parfois, c’est plus facile ici, d’autres fois, c’est vraiment plus facile ailleurs (et c’est souvent moins cher ailleurs).
Maintenant, à quel point ça a besoin d’être fait à 100% au Québec pour vous?
Beaucoup d’entreprises produisent ici, mais ont des matières premières qui viennent d’ailleurs. Juste dans notre cas, on va se le dire tout de suite : du bambou et du coton, ça ne pousse pas ici! Alors le fil qui sert à la fabrication de nos mouchoirs ou de nos rouleaux de papier de toilette vient d’Asie (récolté en Asie centrale et filé en Turquie). D’ailleurs, ils sont certifiés biologiques, GOTS, OEKO-TEX. Ils sont super cool et bien traités les fils! Mais le bambou et le coton, ça ne pousse pas ici.
Alors il faut se rendre à l’évidence : il y a beaucoup de produits au Québec qui ne peuvent pas être 100% locaux. Mais après ça, s’ils peuvent l’être à 98%.. c’est plutôt excellent, non!!? Entk, si j’avais eu ça en maths au secondaire, ça aurait été vraiment satisfaisant!
LA MENTION « FAIT AU CANADA »
Parlant de pourcentage, ça prend combien de % pour dire que c’est fait ici?
En fait, pour marquer sur un emballage « Produit du Canada », le bureau de la concurrence stipule que la dernière transformation substantielle du produit doit avoir lieu au Canada ET la totalité ou presque (au moins 98%) des coûts directs de production ou de fabrication ont été engagés au Canada.
Pour une indication « Fait au Canada » ou « Fabriqué au Canada », il faut que la dernière transformation substantielle du produit ait lieu au Canada ET qu’au moins 51% des coûts directs de production ou de fabrication aient été engagés au Canada.
51%, c’est pas beaucoup, mais ça permet au moins de prendre des fournitures d’ailleurs et de fabriquer le produit ici, en autant que les fournitures coûtent moins cher que la main d’œuvre!
En d’autres mots, si toutes nos fournitures sont fabriquées ailleurs et qu’on fait juste coller ou coudre deux choses ensemble en 30 secondes, ça m’étonnerait que ça coûte plus cher de main d’œuvre que de fournitures… Donc même si la dernière transformation est substantielle, il faut s’assurer d’arriver à 51% pour le coût de l’assemblage!
Autrement, on peut inscrire quelque chose de plus véridique et précis, comme « Conçu au Québec », mais on n’aurait pas le droit, selon le bureau de la concurrence, d’écrire « Fait au Québec ».
Après, n’importe qui peut écrire ça, c’est une loi, comme la limite de vitesse de 100 sur l’autoroute… si personne vérifie, personne se fait pogner. Alors en tant que consommateur, il faut être vigilant.
« FAIT AU QUÉBEC », VRAIMENT?
Donc comment sait-on qu’un produit est vraiment fait ici, et que l’entreprise ne s’est pas « trompée » en disant que c’est fait ici, parce qu’elle ne connaît pas la loi, ou qu’elle l’aurait simplement transgressée volontairement?
Pas évident! Mais je dirais :
On regarde le produit.
On utilise notre jugement.
On demande; on pose des questions précises aux entreprises.
On lit les FAQ pour voir si l’entreprise est transparente…
Depuis quelques temps, on a un label pour les produits québécois (comme pour Aliment du Québec) : LES PRODUITS DU QUÉBEC
Ça facilite les choses! Mais c'est pas encore tous les produits qui sont homologués.
Et après tout ça, je reviens à ma question première : à quel point les gens tiennent-ils à une fabrication locale? En tant qu’entreprise, le choix du local nous rend fort et complice (yay! Québec power!), mais aussi extrêmement vulnérable devant d’autres produits vendus la moitié du prix.
CHOISIR LE « FAIT ICI » OU LE MOINS CHER?
Est-ce que la fabrication au Québec est un enjeu aussi important lorsqu’on a moins d’argent? Est-ce qu’on est prêts à investir dans notre économie locale?
Avouez que nos cerveaux fonctionnent comme ça d’office : la première chose qu’on fait, c’est de comparer les prix. Quand on peut avoir à peu près la même chose pour moins cher, pourquoi ne pas acheter l’affaire la moins chère?
Entre un joli chandail à 10$ ou un joli chandail à 150$ mais durable et fait ici, qu’est-ce qu’on choisit? Avouez qu’il est alléchant le chandail à 10$! Il est beau en plus, pis c’est “juste” un chandail, pis on a un budget serré.
Ça c’est le problème du fast fashion.
Il va falloir, un moment donné, arrêter d’acheter 15 chandails qu’on jettera après 2 ans, pour aller vers des vêtements mieux choisis et faits ici qui dureront 15-20 ans.
Le problème du « le truc fait au Québec est ben trop cher » en est un gros.
Les gens se font dire d’acheter local. Mais ça, ça veut dire de détourner les yeux de son portefeuille et de commencer à regarder plus loin : d’où vient le produit, comment il est fait, par qui? C’est un gros changement d’habitude ça!
Il faut rééduquer les cerveaux. Expliquer pourquoi c’est mieux d’acheter local. Justifier les prix plus élevés.
Il faut savoir que si un produit fabriqué ici coûte plus cher, c’est parce qu’on est mieux payés ici et qu'on a d’excellentes conditions de travail. Le fait de garder notre argent au Québec fait rouler l’économie, mais ça a tellement d’autres avantages :
On maintient nos salaires et un niveau de vie adéquat.
On garde nos entreprises sur le sol québécois.
On garde et on améliore nos compétences.
On reste autonomes et on n’est plus dépendants des autres pays.
Et tellement, tellement d’autres raisons! Mais le portefeuille a encore beaucoup de poids dans la balance…
Pis tsé, qui pense à tout ça quand vient le temps d’acheter du ketchup? Et qui pense à l’impact environnemental des produits qui viennent d’ailleurs aussi?
L'IMPACT ENVIRONNEMENTAL DES PRODUITS
Ça c’est une autre affaire! Acheter ici, c’est tellement mieux pour la planète!
Quand on y pense, faire venir des bouteilles d’eau d’Europe ou des flocons de persil de Chine quand ça se trouve ici, c’est juste NON messemble?
Le transport des produits de consommation a un gros impact environnemental. Entre acheter des tomates qui ont poussé ici et qui ont fait une petite ride de camion pour se rendre à l’épicerie, contre des tomates qui ont fait un très long voyage de bateau, de train et de camion, c’est certain qu’on va préférer les tomates qui ont poussé ici! Mais alors pourquoi achète-t-on encore les autres??
Parce que les autres sont moins chères ou parce qu'on ne regarde pas la provenance?
Dans notre cas, pour un produit qui permet de réduire nos déchets, on trouve ça important de limiter le transport des produits finis. C’est pour ça que Bateau bateau fait coudre ses produits à 15 minutes de route, et non à 3 semaines de bateau, de train et de camion!
EN CONCLUSION
Tout ça pour dire que je prône l’achat local. Tout ce qu’on peut faire ici, il faudrait l’acheter ici. Il reste juste à se rééduquer un peu.
C’est fou quand même : il y a mille arguments qui justifient d’acheter des produits faits au Québec VS un argument contre qui démolit tous les autres en une fraction de seconde = le prix.
Mais tsé, si on a des problèmes de budget, il faut peut-être juste réduire notre consommation et aller vers des choix qui, oui, nous coûteront un peu plus cher maintenant, mais qu’on n’aura pas besoin de racheter à chaque mois/année?
